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Hippologie : les 5 sens chez le cheval

Dernière mise à jour : 22 déc. 2021

Comme chez l'homme, le cheval possède 5 sens (la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher). Quel cavalier n'a pas eu un cheval qui avait peur d'un fantôme dans le coin du manège alors que vous ne voyez rien !?? C'est agaçant, non ? Mais il ne faut pas lui en vouloir car ses capacités sont très différentes des nôtres pour les sens surtout pour la vue et l'audition.

Pour comprendre plus attentivement les différentes réactions de votre loulou, lisez la suite et apprenez à décortiquez les 5 sens du cheval !


Nous allons vous présenter par ordre de priorité :

  • La vue 👁️

  • L'ouïe 👂

  • L'odorat 👃

  • Le goût 👅

  • Le toucher ✋

La vue 👁️

Beaucoup de cavaliers ne comprennent certaines réactions de leur cheval ! Entre les fantômes en ballade ou dans le manège ou un refus sur un obstacle coloré... Mais il faudrait se poser la bonne question "Comment voit mon cheval ?" Le savez-vous ?


Pour répondre correctement à cette question, nous allons faire un point sur la vision et l'œil du cheval !


L'œil du cheval n'est pas très différent de celui de l'homme. Il possède les mêmes structures anatomiques de base : la cornée, l'iris, le cristallin, la choroïde et la rétine.


Le fait qu’il ait les yeux sur le côté de la tête lui permet de voir beaucoup mieux que nous sur les côtés et “derrière” lui.

A la différence, l'œil du cheval a une position très latérale, ce qui lui permet une vision "panoramique". Chez le cheval, le champ visuel monoculaire est très large. Ce type de vision ne tient compte ni du relief ni des détails : c'est la vision d'ensemble, utile à la surveillance de l'environnement. Elle détecte les mouvement, même s'ils sont à grande distance.

La vision binoculaire permet au cheval d'apprécier les détails et les contours des objets. C'est elle qu'il utilise dans le saut d'obstacles par exemple. Toutefois, compte tenu de la position latérale de ses yeux, le cheval doit faire converger vers l'avant ses globes oculaires pour passer en vision binoculaire mais celle-ci ne lui permettra pas de voir la totalité des objets placés devant lui. L'objet, parallèlement à l'axe longitudinal de son corps, est en -deçà de 1,20 m sera invisible pour lui. Cette zone est appelée "zone aveugle frontale". Ce qui veut dire que dans la dernière foulée avant un obstacle, le cheval ne voit plus ce qu’il doit sauter !

Derrière lui, il existe deux autres zones aveugles, très étroites et parallèle à la queue.


Anatomie de l'œil

La cornée : c'est la partie la plus visible et la plus externe de l'œil. Elle ressemble à une vitre transparente ovale, dont les dimensions varient en fonction de l'âge, de la race et de l'individu. Cette vitre est très fine, surtout au centre de l'œil.

C'est le film des larmes, adhérant à la cornée, qui donne à l'œil son aspect lisse et brillant. Ce film "lacrymal précornéen" protège la cornée de l'assèchement, chasse les débris qui se déposent sans cesse sur l'œil et tue bon nombre de bactéries. La cornée est constituée de fibres de collagène et c'est la disposition parallèle de ces paquets de fibres qui lui confère sa transparence, qualité nécessaire à la vision.

Chez le cheval, la couleur la plus répandue de l'iris est le marron foncé mais il existe de nombreuses variations : bleu, jaune et même blanc. La couleur de l'iris est déterminée génétiquement selon la quantité de pigments de mélamine (nom donné aux différentes variétés de pigments de couleur foncée, allant du noir au brun roussâtre.) présents dans l'iris. Les traumatismes ou les inflammations oculaires changent fréquemment la couleur de l'iris : de bleu, il devient jaune, de façon irréversible.


Au centre de l'iris, on aperçoit une zone noire, ovale chez l'adulte et presque ronde chez le poulain, c'est la pupille. Elle se dilate (mydriase) ou se rétrécit, se contracte (myosis) en fonction de la quantité de lumière qui arrive dans l'œil. La pupille représente la diaphragme de l'œil en laissant passer la quantité de lumière nécessaire à la vision, en fonction de l'exposition comme le fait un appareil photo. A ce stade, l’image est à l’envers. Elle est envoyée au cerveau par le nerf optique et c’est le cerveau lui-même qui remet l’image à l’endroit.

Lorsqu'on observe l'œil d'un cheval, on remarque souvent des "nodules" noirs autour de la pupille. Ce sont les "corpora nigra" ou "granules iriens" constitués de paquets de pigments de mélanine. Leur forme et dimension ne varient pas au cours de la vie et chaque individu possède des formes de granules qui lui sont propres. Leur rôle consiste à diminuer la quantité de lumière passant à travers la pupille lorsque l'œil est trop fortement exposé. Ces granules n'altèrent pas la capacité visuelle de l'animal, ils l'améliorent même en jouant un peu le rôle de nos lunettes de soleil !


Le cristallin fonctionnent comme une lentille optique qui va récupérer la lumière venue de l’extérieur, la concentrer pour finalement former l’image sur la rétine. Il peut modifier sa forme et sa courbure au gré des besoins grâce aux muscles ciliaires. Pour voir le cristallin, on doit mettre l'oeil en "mydriase artificielle" (dilaté). Chez le cheval, les muscles ciliaires permettent un relâchement du cristallin. Ils sont très développés.


La rétine et la choroïde ne peuvent être vue, à travers la pupille dilatée, qu'au moyen d'un "ophtalmoscope". La rétine constitue la structure nerveuse de l'œil. Le mécanisme visuel du cheval s'explique :

  • la lumière extérieure traverse tous les milieux de l'œil jusqu'à ce qu'elle arrive sur la rétine (celle-ci est composée d'une couche de cellules photoréceptrices appelées les cônes et les bâtonnets).

  • ces cellules, excitées par la lumière, vont transmettre un influx nerveux qui gagne le nerf optique puis les centres visuels situés dans le cerveau.

  • les centres visuels rendent le message intelligible et permettent l'élaboration d'une réponse au stimulus.

La choroïde est une membrane très pigmentée réfléchissant extrêmement bien la lumière ; ce qui lui permet une grande adaptation visuelle en faible luminosité.


Les bâtonnets permettent de capter une image même s’il y a peu de lumière. Ce sont eux par exemple qui nous permettent de voir dans une pièce faiblement éclairée. Mais dans ce cas là, pas de couleur, tout est gris ! Le cheval a plus de bâtonnets que l’homme. Ça implique donc qu’il voit bien mieux que nous la nuit, presque aussi bien que les chats même. Cependant, il a un gros désavantage, c’est qu’il s’accommode beaucoup moins rapidement aux changements de lumière. Il faut environ 20 à 30 minutes au cheval pour s’adapter à l’obscurité. Par exemple, lorsqu’on essaie de faire monter le cheval dans un van il n’y verra qu’un trou noir !

Si on voit de la couleur c’est grâce aux cônes. Il en existe trois types certains captent la lumière rouge, d’autres la lumière bleue et les derniers la lumière verte. Et c’est en associant les résultats de chaque type de cône qu’on voit toutes les couleurs de notre spectre.

La particularité du cheval est que la répartition des types de récepteurs n’est pas la même : le cheval n’a pas de cônes rouges (il a une vision dichromatique) et plus de bâtonnets que l’homme.



Les bâtonnets sont des cellules photoréceptrices excitées par la lumière crépusculaire et nocturne ! Les cônes sont des cellules photoréceptrices excitées par les couleurs et la lumière diurne !



La vision du cheval s'étends sur un angle de 340°. Les angles morts sont compensés par les autres sens. Les angles de vue se rencontrent devant lui ce qui lui permet d'apprécier les distances. Chaque angle du vue lui permet de voir une image. Ce type de vue est propre aux herbivores et leurs permets une détection des dangers et des prédateurs.

Le cheval a cependant la capacité de voir aussi bien les objets près de lui que ceux qui sont lointain de façon simultanée. Il peux donc brouter tout en observant son environnement pour voir un prédateur ou un danger si besoin.

La vision du cheval lui permet de percevoir 20 à 25 images par seconde alors que l'homme n'en perçoit que 15 à 18 images par seconde. Il s'agit la encore d'une technique pour faire face aux prédateurs.

L'ouïe 👂

L'ouïe chez le cheval est très développée. Les chevaux possèdent une capacité d'écoute plus développée que celle de l'homme. On constate que la taille des orifice et la grande souplesse de rotation de ses oreilles lui permettent de localiser les bruits sur une distance très étendue. Les oreilles du cheval sont mobiles et bougent indépendamment l'une de l'autre. Les chevaux arrivent à percevoir des ultrasons qui nous échappe. Le cheval perçoit des sons allant de 6 Hz à 33 500 Hz de fréquence. Il est capable de percevoir les tremblements de terre avant l'homme. Les oreilles et les yeux du cheval sont reliés par une connexion nerveuse.



Le système auditif chez le cheval se compose de 16 muscles. ​

On peut séparer l’oreille en 3 grandes parties :

  • L’oreille externe (Pavillon et Conduit auditif) : à ce moment là, le son est sous forme de vibration de l’air. Le cheval a un pavillon très mobile, ça lui permet de l’orienter dans la direction du bruit pour le capter plus facilement puis les vibrations se propagent dans le conduit auditif. Les poils dans le pavillon permettent d’éviter que des corps étrangers pénètrent dans le conduit, il ne faut donc pas les couper !

  • L’oreille moyenne (Tympan et Osselets) : les ondes sonores font vibrer la membrane du tympan puis les osselets.

  • L’oreille interne (Cochlée, Vestibule, Trompe d’Eustache) : c’est la cochlée qui va permettre de transformer ces vibrations reçue de l’oreille moyenne en message nerveux qui va ensuite être transmis au cerveau pour traitement par le nerf auditif.


L'odorat 👃

Le cheval possède un odorat très développé. Son odorat fonctionne grâce aux cellules olfactives qui se trouvent dans les naseaux.

Ce sont des petites molécules volatiles présentes dans l’air. Elles sont aspirées à l’inhalation et sont piégées dans l’épithélium olfactif par le mucus (une partie de la cavité nasale). Elles sont alors identifiées par les cils olfactifs qui envoient le message nerveux au cerveau.


En plus de l’odorat, le cheval a un organe supplémentaire : l’organe de Jacobson (ou organe voméro-nasal) qui a quasiment complètement disparu chez nous. Cet organe lui permet d’analyser les phéromones.

L'odorat du cheval lui permet notamment de trouver les points d'eaux, de découvrir des objets nouveaux, d'identifier les autres chevaux grâce à leurs crottins ou à leurs urines et de sentir la présence d'une jument en chaleur à plus de 600 m.


Pour se saluer les chevaux se sentent le bout du nez. Lorsque le cheval a besoin d'analyser une odeur, le cheval enferme l'odeur dans sa fosse nasale grâce à une forte inspiration en remontant la lèvre supérieure. Il utilise son organe voméro-nasal. On appelle cela le flehmen.

Ceci pourrait également expliquer que le cheval ressente nos sentiments ! Par exemple, lorsque nous avons peur, nous émettrions des phéromones que lui peut capter. Le cheval détectera donc bien plus d’odeurs et de phéromones que nous.


Le goût 👅

Le goût du cheval lui permet de reconnaître et de trier ses aliments. Avant d'être manger l'aliment est senti. Le cheval doit être très rigoureux sur ce qu'il mange car il ne peux vomir. (appareil digestif) Initialement le cheval n'est pas attiré vers les aliments sucrés c'est le contact avec l'homme qui lui a appris à apprécier ce goût.

Parmi les 5 sens, la faculté gustative siège au niveau de la bouche, qui constitue le tout premier rôle dans l'appareil digestif du cheval. La cavité buccale, entièrement tapissée par une muqueuse se compose :

  • des lèvres

  • les joues

  • les dents

  • les gencives

  • les barres

  • le palais

  • la langue

  • le plancher de la bouche


Après la préhension fine de l'aliment par l'action des lèvres, l'aliment (solide ou liquide) est analysé par les récepteurs nerveux gustatifs de la langue qui renseignent instantanément le cerveau du degré de qualité du produit.

Le système nerveux dans l'immédiat déclenche chez le cheval la réaction de rejeter ou d'absorber la prise avec plus ou moins d'apport de salive selon le degré de sécheresse de l'aliment.

Les facultés sensorielles gustatives donnent au cheval le réflexe naturel de trier ou sélectionner les aliments qu'il affectionne tout particulièrement au détriment d'autres.

Le goût primaire est un réflexe qui indique au cheval ce qui est bon ou mauvais. Il se développe et s'enrichit au fil de sa vie. Le registre des saveurs s'élargit, la variété des aliments et leur mélange donne au cheval des sources d'alimentation riche et bénéfique à son état général.

L'apport varié d'aliments ou de compléments de régime favorise la bonne santé du cheval et lui conserve la "gaieté, le jeu" liés au goût, qui participe pleinement au processus de dressage. D'instinct, il saura rejeter les saveurs fortes (amère, fermentée, trop salée, acide ou piquante et nocive).

Le cheval possède également les papilles qui détectent ces 4 goûts.

Si vous avez déjà observé votre cheval brouter de l’herbe, vous avez certainement remarqué qu’il la choisit soigneusement puisqu’il a à sa disposition une grande variété de goûts. C’est quelque chose qui est bien souvent perdu dans la nourriture au box.


Le toucher


Le cheval ne possède pas la même sensibilité au toucher en fonction des différentes zones de son corps. En effet, le dos et la tête sont très sensibles alors que les jambes le sont beaucoup moins. Le cheval peut faire frissonner sa peau pour chasser les mouches par exemple. Il obtient cet effet grâce à l'action du muscle peaucier qui comporte un immense éventail de fibres musculaires situées sous la peau avec les tissus graisseux. Le sabot est insensible mais le pied est extrêmement sensible (rôle dans la gestion de l’équilibre).


Comme les chats, le cheval possède des poils autour de ses lèvres appelés vibrisses. Ses poils lui permettent notamment d'identifier des nouveaux objets, de trier ses aliments, etc.


Les chevaux aiment le contact et se toucher entre eux. On appelle cela le toilettage mutuel.

​Et pour finir le toucher : l’un des sens principaux de la communication cheval-cavalier. Tout comme le corps humain, celui du cheval a des sensibilités différentes suivant les différentes zones.

Toute la peau est parcourue par un réseau de ramifications nerveuses. La peau est constituée de deux couches superposées que forment :

  • l'épiderme en surface. Les poils se forment sur l'épiderme, ils viennent des follicules pileux qui se trouvent dans le derme.

  • le derme en profondeur, il contient des terminaisons nerveuses qui donnent sa sensibilité à la peau.

Le premier rôle de la peau est celui d'une membrane relativement imperméable qui protège le cheval de l'extérieur et lui permet de conserver la constance de son milieu interne.


Post écrit par Sophie P

le 03/12/2021



939 vues1 commentaire

1 Comment


L'arche de Chloé
L'arche de Chloé
Aug 04, 2022

Bonjour, merci pour ce sujet très détaillé et bien expliqué ! Est ce qu'il serait possible d'avoir les sources s'il vous plait ?

Merci

Chloé

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