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La Rhinopneumonie

Dernière mise à jour : 12 juil. 2021


​Il sévit actuellement en France une résurgence d’épidémie de Rhinopneumonie, maladie due à un virus de la famille des virus Herpes, donc qualifiée d’herpesvirose.


Suite à l’épidémie, on tenait à faire un point rapide sur cette maladie dont le nom est bien connu, mais les causes et conséquences beaucoup moins.

Pour comprendre cette maladie, nous allons aborder les points suivants :

  • le virus et les formes de la rhinopneumonie équine

  • les symptômes

  • les causes

  • les soins à apporter

  • la vaccination

QUELS SONT LES VIRUS ET FORMES DE LA RHINOPNEUMONIE ÉQUINE ?

Les virus sont au nombre de 2 :

· EHV1 : Equine Herpes Virus de type 1, plus responsable des formes d’avortements en fin de gestation des juments. C’est la forme dite « abortive », très crainte par les éleveurs, car l’avortement est systématique, en fin de gestation.

· EHV4 : Equine Herpes Virus de type 4, plus responsables des formes respiratoires (fatigue, toux, incapacité à travailler).


On distingue 3 formes de maladies, qui peuvent se combiner :

· La forme respiratoire (d’allure grippale)

· La forme abortive (responsable d’avortement)

· La forme nerveuse, une complication de EHV1, qui peut être mortelle (trouble de la locomotion, paralysie de la vessie, …), heureusement plus rare (environ 5 par an en France)


Source M-Elevage

LE VIRUS EST-IL PRÉSENT DANS TOUS LES EFFECTIFS DE CHEVAUX ?

C’est un virus qui circule dans plus de 60 % des effectifs en France (IFCE), tous les chevaux ne sont pas obligatoirement malades mais parfois porteurs sains, donc sans symptômes.


C’est la caractéristique des virus de la famille Herpès, que ce soit chez les humains (comme le bouton de fièvre) ou les animaux, une fois qu’ils ont pénétré dans l’organisme, bien cachés et à l’abri, et peuvent profiter d’un stress ou d’une fatigue pour resurgir.


HVE-1 est assez peu résistant dans le milieu extérieur. Il peut cependant survivre plusieurs jours dans la paille des boxes par exemple … Il se transmet principalement par la toux et le jetage (la morve qui coule du nez ) des chevaux infectés (qu’ils soient malades ou porteurs sains). Aussi, dans le cas des avortements, il se transmet par contact avec les restes de l’avortement. A savoir : le fœtus, le placenta, les écoulements vaginaux, et les surfaces qui ont été contaminées.

La durée d’incubation du virus est de 2 à 10 jours.


QUELS SONT LES SYMPTÔMES DE LA RHINOPNEUMONIE CHEZ LE CHEVAL ?

Ces maladies sont différentes mais possèdent néanmoins des symptômes communs. Concernant la grippe et la rhinopneumonie (forme respiratoire), les symptômes sont presque similaires.


La forme respiratoire

Ça ressemble un peu à une grippe mais en moins fort. Les chevaux présentent de l’hyperthermie, du jetage (morve), une toux sèche, éventuellement un larmoiement. Ça dure 1 à 2 semaines. C’est très rarement mortel, par contre comme l’immunité est diminuée, donc une infection bactérienne peut se glisser par dessus en plus. Ça c’est plus embêtant.

La forme nerveuse

Les symptômes diffèrent beaucoup d’un cheval à l’autre : ataxie, trouble de la locomotion qui peuvent aller jusqu’à la paralysie, fièvre, incontinence urinaire … Certains chevaux s’en sortent parfaitement, avec une récupération complète. D’autres en meurent, par euthanasie ou pas.

La forme abortive

Un avortement pour la jument c’est l’équivalent d’une “fausse-couche” chez la femme.

En général l’avortement survient tard (entre le 9ème et 11ème mois de gestation). La jument ne présentant aucun signe avant-coureur, et aucune complication après l’avortement.

Les juments sont souvent contaminées par une forme respiratoire en premier lieu. Et comme le virus peut rester en sommeil longtemps, ça peut finir par un avortement. D’ailleurs, rien ne protège la jument contre des avortements futurs …


Source Zoetis

QUELLE EN EST LA CAUSE ?

Les jeunes, notamment au contact de leur mère porteuse du virus, sont souvent touchés, ainsi que les chevaux qui participent à de nombreux rassemblements (concours…).

Le virus va pénétrer dans le système respiratoire puis se multiplier dans les voies respiratoires supérieures.


En réponse à cette agression, une réaction inflammatoire va se mettre en place. Puis vient la phase de latence : le virus est présent dans l’organisme mais il n’y a pas de symptôme jusqu’à une activation par le stress ou par un autre virus.


Certains chevaux peuvent ainsi rester porteurs asymptomatiques pendant plusieurs années.


Puis, pour l’HVE-1, il va y avoir propagation du virus dans l’organisme par voie sanguine (phase de virémie). Le virus va infecter des globules blancs du cheval (leucocytes) et des cellules de la paroi des vaisseaux. Il peut ainsi passer la barrière placentaire via la circulation sanguine et se retrouver dans le fœtus qui va alors être infecté. Cette infection est responsable d’avortements.


Pour ce qui est de la forme nerveuse, le virus va être acheminé vers le système nerveux par voie sanguine et va alors infecter les cellules nerveuses du cheval.


Enfin, concernant l’HVE-4, il n’y a pas de virémie donc pas de propagation nerveuse ou génitale, le virus va rester au sein de l’appareil respiratoire du cheval.


LE DIAGNOSTIC

C’est votre vétérinaire qui va identifier une maladie infectieuse des voies respiratoires.


Il peut faire un prélèvement (PCR : comme pour le Covid !) du cheval. Ça consiste à chercher si l’ADN du virus est présent chez le cheval.

Il suffit juste de prendre un écouvillon nasal et un peu de sang et de l’envoyer en laboratoire. C’est la meilleure technique pour une dépistage dans l’urgence. Pour la forme neurologique on peut aussi faire une analyse du liquide céphalo-rachidien (le liquide dans lequel baigne le cerveau). Et pour la forme abortive, on peut faire une analyse des tissus de l’avorton.


COMMENT SOIGNER ?


· Pour la forme abortive, il faut éliminer le plus vite possible l’avorton vers le laboratoire d’analyse spécialisé le plus proche, et brûler la litière (le virus peut survivre plusieurs jours dans l’environnement).

· Pour la forme respiratoire, on doit isoler au maximum le cheval contagieux et lui procurer des soins de soutien pour qu’il surmonte l’épisode de maladie, en le soignant en dernier.


Il n’existe aucun traitement curatif spécifique. Cela veut dire qu’on ne traite pas la cause, mais les conséquences. On va donc pouvoir donner de quoi soulager le cheval de sa toux par exemple. En somme, pour les formes nerveuse et respiratoire, seul le traitement des symptômes est préconisé.

Pour la forme abortive, comme la jument ne présente généralement pas de symptômes, aucun traitement n’est donc nécessaire.


LA VACCINATION

Il existe un vaccin contre HVE-1 (impliqué dans les 3 formes) et HVE-4 (forme respiratoire).

“Tous les vaccins commercialisés en France incluent la valence EHV-1, certains ne comportent que cette valence (Pneumequine®), et un comporte les 2 valences EHV-1 et EHV-4 (EQUIP EHV 1.4® ) : sa protection contre la forme respiratoire serait donc supérieure (chevaux à l’entraînement, par exemple), mais la protection contre les avortements est identique.” (IFCE)

Le vaccin n’est obligatoire que pour les reproducteurs (étalons) et certaines poulinières (TF, PS, AQPS). Il est très très fortement recommandé pour les autres.


Le vaccin ne présente pas, individuellement, une protection à 100% pour les 3 formes. Il limite seulement les risques. Il y a moins de maladie et d’avortement chez les chevaux vaccinés. Donc moins de transmission aussi. Son efficacité est quand même importante puisqu’on constate 75% d’avortements en moins chez les juments vaccinées.

D’après l’IFCE : 80% des poulains se contaminent avant l’âge de 10 mois.

L’efficacité individuelle du vaccin est augmentée lorsque tous les chevaux d’un même effectif sont vaccinés. On parle de vaccination d’effectif. Le problème en France c’est que la couverture vaccinale est très faible … D’où l’apparition d’épidémies comme celle là.


Le protocole vaccinal

“Le protocole vaccinal est quasi identique à celui de la grippe qui stipule 2 injections de 4 à 6 semaines d’intervalle pour la primo-vaccination ; suivi d’un rappel annuel. Un rappel tous les 6 mois est conseillé pour stimuler le système immunitaire. Pour les juments gestantes, le protocole prévoit une injection à 5, 7 et 9 mois de gestation.“ (RESPE)


Le virus est spécifique de l’espèce équine : l’Homme ne peut pas contracter la maladie. En revanche, il peut porter le virus sur ses mains si elles ont été mal lavées ou sur ses vêtements. On peut donc favoriser la transmission d’un cheval à l’autre.

Pensez bien à désinfecter le matériel et à vous laver les mains si vous avez un cheval atteint dans vos écuries.


La mesure la plus efficace c’est la quarantaine c’est à dire supprimer dans la mesure du possible tous les déplacements de chevaux qui entrent ou sortent de l’établissement. Si de nouveaux chevaux arrivent dans l’écurie, il faudrait les isoler pendant 3 semaines avec prise de température quotidienne. Bon, qu’on ne se le cache pas, c’est pas facile à mettre en place… Pourtant c’est bien le plus efficace.


Il est essentiel d’isoler les chevaux malades jusqu’à guérison complète (c’est à dire disparition de tous les symptômes) et de mettre l’écurie en quarantaine.


Post écrit par Sophie P

le 01 avril 2021


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