Les refus et les dérobades sont deux problèmes courants en équitation à l'obstacle qui peuvent coûter cher au cavalier en compétition.
Lors d’un concours de CSO, cela arrive régulièrement que l’on soit pénalisé ou éliminé parce qu’on fait des refus ou des dérobades. Cela peut être très frustrant car les refus et les dérobades enlèvent tous les espoirs de finir sur le podium. Et il faut malgré tout finir le parcours !
Les refus et les dérobades viennent dans la majorité des cas, du cavalier. Pour pouvoir les éviter, il faut comprendre pourquoi notre cheval ne saute pas. Quelles sont les principales causes ainsi que des exercices pour y remédier.
Le refus :
Un cheval fait un refus lorsqu’il s’arrête devant l’obstacle (il pile) sans que ce ne soit demandé par son cavalier. Le cheval refuse d’aller sauter l’obstacle.
La dérobade :
Une dérobade signifie que le cheval s'échappe d'un côté de l'obstacle au lieu de le sauter, il l’évite. Il peut donc dérober à droite ou à gauche.
Les causes :
Les refus et les dérobades peuvent être dus à cause de plusieurs choses :
Les problèmes d'équilibre du cavalier : si le cavalier se penche trop en avant dans la zone d'abord, ces changements de poids peuvent perturber l'équilibre de votre cheval et provoquer un refus ou une dérobade. Si le cavalier est trop en arrière et s'il s'accroche à la bouche de son cheval pendant le saut, au bout de quelques sauts, le cheval finira par s'arrêter ! Solution : dans ces deux cas, installez un collier indépendant ou prendre une poignée de crin pour stabiliser sa position et contrôler le mieux possible l'équilibre.
Le manque de confiance : le cheval ressent si vous êtes nerveux ou inquiet par le saut, il risque de perdre sa confiance et refusera de sauter. Solution : baissez la hauteur des obstacles jusqu'à retrouver le plaisir de sauter. Si cela ne suffit pas, il faudra que le cavalier se remet en confiance avec un cheval facile et un enseignant patient.
Problème de rectitude devant l'obstacle : Le cavalier n’amène pas correctement le cheval face à l’obstacle. Cela peut être un manque de rythme, trop de vitesse, une mauvaise direction qui amène à ne pas arriver droit et en face de l’obstacle,… Dans certains cas le cheval n’a pas d’autres choix que de s’arrêter ou de dérober. Solution : il faut que votre cheval reste dans vos jambes et il faut être capable de garder son cheval droit afin qu'il pousse de manière égale sur ses jarrets pour sauter.
Le cheval peut avoir eu de mauvaises expériences et peut avoir pris peur. Par exemple, il a pu se blesser en faisant tomber une barre ou il a pu panacher dans l’obstacle, etc. Il garde donc en tête ces mauvais souvenirs et prend peur lorsqu’il doit sauter.
Il peut être très regardant et avoir peur des soubassements voyants, comme le bidet.
Cela peut simplement être du caractère et le cheval « teste » un peu votre autorité.
Cela peut également n’être la faute de personne. Il se peut que le cheval trébuche quelques mètres avant l’obstacle et n’est donc pas assez équilibré pour sauter.
Le cheval peut avoir des douleurs (au dos, aux muscles, aux pieds…) et l’action du saut lui fait mal. Il cherche donc à éviter de sauter par tous les moyens. Solution : Faites venir le vétérinaire pour faire un bilan de santé ou l'ostéopathe. Cela peut venir également d'un mauvais matériel comme la selle (qu'elle ne le pince pas, ou lui bloque les épaules).
Comment gérer et régler les refus et les dérobades ?
Il faut reprendre le problème à la base. Si vous avez des refus et des dérobades à chaque concours, il faut commencer à se remettre en question et à chercher ce qui ne va pas. Il faut d’abord travailler dans vos écuries et une fois que tout se passe bien vous pourrez aller en concours.
Alors voici quelques petits exercices pour vous aider pour éviter les dérobades :
Les transitions descendantes :
Elles améliorent l'équilibre longitudinal (avant-arrière) de votre cheval pour reporter son poids vers ses hanches. Les épaules sont ainsi allégées et deviennent beaucoup plus facile à contrôler.
Venez sur l'obstacle au galop et faites une transition au trot entre 10 et 15 m avant l'obstacle et le sauter au trot. Si ce n'est pas suffisant, ne sautez pas et effectuez une transition au pas puis un arrêt et recommencez.
Problème d'équilibre du cheval :
Le refus arrive parce que le cheval précipite dans la zone d'abord et ne peut plus sauter car il a trop de poids sur ses épaules et se retrouve souvent trop près de l'obstacle.
Installez une hauteur d'obstacle au trot et exécutez une transition au trot à 3 ou 4 foulées de l'obstacle et sautez au trot. La transition descendante permet d'améliorer l'équilibre du cheval en l'incitant à reporter du poids sur son arrière-main. Quand votre cheval exécutera de bonnes transitions au trot suivies de sauts au trot en équilibre, faite le même exercice en repartant au galop après la transition au trot.
Mettez une barre d'appel devant l'obstacle pour aider le cheval à s'éloigner de l'obstacle et améliorer sa battue d'appel.
Problème d'impulsion :
Certains chevaux se freinent au moment de la battue d'appel. Il se retrouve à ce moment avec un manque d'impulsion et de vitesse pour franchir l'obstacle.
Vous pouvez augmenter la vitesse sur le plat et insistez au niveau de vos jambes avec une cravache en donnant un petit coup de cravache au moment de la battue d'appel. Recommencez jusqu'à temps de sentir votre cheval avancer de lui-même pour aller sauter.
Si c’est un problème de rythme et que vous n’avez pas le bon galop (trop lent ou trop rapide) pour aller aborder l’obstacle :
Vous pouvez disposer des barres au sol séparées de 3,5m chacune sur la courbe qui précède l’obstacle, 3,5m étant la mesure d’une foulée de galop d’un cheval (cliquez ici si vous souhaitez connaître les distances pour les poneys). Vous pouvez en mettre 3 ou 4 par exemple. Il faut voir ce dispositif un peu comme un saut de puce, sauf que les barres sont au sol. Chaque barre correspond au milieu de la foulée du cheval. Donc lorsque vous venez sur l’exercice, la distance des barres au sol vous oblige à être dans le bon rythme et vous aurez ainsi le bon galop pour aller aborder l’obstacle.
Vous pouvez aussi mettre des barres au sol à l’abord de l’obstacle.
Vous pouvez également, si vous avez le matériel nécessaire, calculer le BPM (battements par minute) naturel au galop de votre cheval. Vous choisissez ensuite une musique qui a le même BPM et vous l’écoutez pendant que vous montez. Si vous êtes sur le même rythme que la musique, c’est que vous avez le bon galop !
Si c’est un problème de direction :
Forcez vous à arriver droit sur des petites hauteurs dans un premier temps, voir même sur des barres au sol.
1) Le plus important est votre regard, vous devez constamment regarder votre obstacle, même pendant la courbe (SURTOUT pendant la courbe). Votre regard va vous permettre de tourner au bon moment et ainsi d’arriver droit et bien en face de l’obstacle.
N’hésitez pas à vous mettre des plots et des portes pour avoir des repères. Une fois que vous avez la bonne trajectoire avec les plots, enlevez-les et recommencer, vous verrez que ce sera beaucoup plus simple.
Vous pouvez également prendre des points de repères, par exemple si vous sautez dans une carrière et qu’il y a un arbre qui se situe dans le même axe que l’obstacle, regardez le ! Cela aura deux avantages : vous aurez une bonne direction et également une bonne position car vous serez en train de regarder loin devant, même au moment su saut.
Vous pouvez faire le trajet une première fois au pas pour déterminer l’endroit où il faut tourner.
Prenez le plus de points de repères possibles !
2) Vous pouvez, en plus, mettre par exemple des barres en V sur l’obstacle pour le sauter bien au milieu.
3) Faites attention à la manière dont vous tournez. C’est très important de tourner avec les deux mains et les deux jambes, surtout les aides extérieures que l’on a tendance à oublier.
Si vous ne tournez qu’en écartant la rêne intérieure, les épaules et les hanches du cheval vont s’échapper vers l’extérieur et il sera donc tenté de passer à côté de l’obstacle. Il voit ça comme une porte que vous lui ouvrez. Si vous tournez avec deux rênes et que vous appuyez avec votre jambe extérieure, vous emmenez les épaules et les hanches vers la bonne direction et le cheval n’aura pas d’autres moyens que de sauter l’obstacle.
Une fois que vous avez le bon galop et la bonne direction, plus d’excuse pour s’arrêter ou dérober 😉!
Si le cheval a peur des soubassements ou qu’il a peur à cause d’une mauvaise expérience :
Passer à côté du soubassement pour lui montrer (comme pour les jeunes chevaux).
Essayez de faire reprendre confiance à votre cheval en faisant du travail à pied par exemple. S’il a peur du bidet, passez le avec lui à pied dans un premier temps, faites lui bien regarder en lui parlant. Une fois qu’il le passe tranquillement, essayez en longe avec un petit obstacle par exemple, puis vous pourrez commencer à sauter à cheval, etc
Vous pouvez placer l'obstacle avec le soubassement en sortie de ligne avec une entrée au trot. Votre cheval aura ainsi de la vitesse à la réception du premier obstacle, ce qui vous permettra de donner la priorité à la conduite et à l'équilibre pour sauter l'obstacle de sortie avec le soubassement.
Utilisez un soubassement en deux parties que vous allez éloigner l'un de l'autre au début et les rapprocher au fur et à mesure de vos sauts.
C’est un travail qui demande beaucoup de temps, il faut le réaliser en plusieurs étapes. Privilégiez la confiance et la relation que vous avez ensemble.
C’est très compliqué de savoir la cause de ces refus et dérobades. Une fois que vous savez pourquoi le cheval réagit ainsi, travaillez un maximum dans vos écuries pour que cela ne se reproduise plus en concours.
Il n’y a pas de secrets, le travail est la seule solution dans ce genre de situations. Il faut constamment se remettre en question. Vous aurez surement des moments de découragement mais quoiqu’il arrive le travail que vous fournissez finira toujours par payer !
Post écrit par Sophie P
le 14/05/2021 MAJ 04/05/2022
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