Que vous montiez votre cheval pour le plaisir ou de monter en compétition, cet article doit être lu ! Connaître les réactions chimiques lors d'efforts intenses ou non est important dans une vie de cavalier et pour le respect de votre compagnon !
Venez découvrir le métabolisme du cheval, la mise en condition musculaire et la récupération !
Le métabolisme est l'ensemble des réactions chimiques qui se déroulent à l'intérieur d'un être vivant et lui permettent notamment de se maintenir en vie, de se reproduire, de se développer et de répondre aux stimuli de son environnement.
La contraction musculaire et le mouvement consomme de l’énergie issue de l’alimentation. Les muscles ont besoin d’énergie pour fonctionner, ils ont besoin « d’essence ». La différence avec une voiture c’est que le corps crée le carburant dont il a besoin.
Les aliments, véritables carburants, ne peuvent être utilisés directement pour accomplir les activités corporelles. Il utilise pour ça les sucres, les graisses ou les protéines que lui apporte la nourriture notamment. C’est leur dégradation qui produit l’énergie, captée et stockée en petites « bouffées » dans les liaisons chimiques d’une petite molécule appelée ATP (Adénosine TriPhosphate). C’est la forme fondamentale d’énergie chez les êtres vivants.
L’ATP doit être régénérée continuellement pour que la contraction puisse se poursuivre. Il se passe quoi dans le corps pendant un effort ?
Pendant l’activité musculaire, la régénération de l’ATP se fait par 3 voies :
- La voie anaérobie alactique,
- La voie anaérobie lactique,
- La voie anaérobie
La voie anaérobie alactique : Elle concerne les efforts très brefs et très intenses, comme les sauts ou les premières secondes d’une course. Elle utilise les réserves de carburant disponibles dans les cellules musculaires qui sont très limitées. Les déchets qu’elle produit vont servir à régénérer les réserves de carburant. Elle n’utilise pas d’oxygène, d’où le terme « anaérobie ».
Elle utilise un composé à haute énergie (la créatine phosphate) qui prélève de l’énergie à l’ATP pendant les phases de repos et lui restitue pendant les phases d’activité.
Les deux autres voies produisent de l’ATP grâce à la dégradation du glucose (sucre provenant de la circulation sanguine ou des réserves de glycogène musculaire très importantes chez le cheval).
La dégradation du glucose, si elle a lieu en présence d’oxygène produit de l’ATP, de l’eau et du gaz carbonique. Ce dernier est éliminé via le sang et les poumons. C’est la voie aérobie.
Cette voie intervient avec une certaine inertie : elle demande 3 à 4 mn pour se mettre en route.
La voie anaérobie lactique : Elle concerne les efforts nécessitant une puissance élevée sur des efforts relativement courts (max. 2min). Cette filière n’utilise pas non plus d’oxygène, mais elle produit un déchet très important : l’acide lactique demande environ deux fois et demie moins de temps pour se mettre en route.
Elle peut donc intervenir durant l’inertie du système aérobie et lorsque celui-ci ne fonctionne que partiellement parce que l’exercice est intense et que l’approvisionnement en glucose et en oxygène par le système cardio-vasculaire ne suffit plus.
=) c’est la voie prédominante dans les courses de moins de 3000 m.
La voie anaérobie lactique présente deux inconvénients :
- Elle fournit vingt fois moins d’ATP que la voie anaérobie
- Le glucose est transformé non plus en eau et en gaz carbonique mais en acide lactique
L’acide lactique (ou lactate) est une toxine qui lorsqu’il s’accumule provoque une fatigue et une perte d’élasticité musculaire qui bloquent l’exercice et sont donc source de courbatures voire de tendinites. En fait, c’est le déchet de la filière anaérobie lactique.
Quand on utilise la filière anaérobie lactique, les lactates créés vont être stockés dans un premier temps dans les cellules musculaires. Or, le corps essaie de réutiliser tant qu’il peut les lactates qu’il crée.
Le cheval de concours complet utilise les trois voies qui au cours d’un cross sont utilisées comme suit :
· 10% pour la filière anaérobie alactique
· 40% pour la filière anaérobie lactique
· 50% pour la filière anaérobie
La voie anaérobie : Elle concerne les efforts longs, utilise de l’oxygène et produit comme déchets de l’eau et du C02 (on transpire et on souffle fort).
Elle présente de nombreux avantages :
- Elle ne produit pas de déchets toxiques
- Elle peut utiliser d’autres carburants que le glucose comme les acides gras et l’acide lactique produit par la filière anaérobie
- Elle assure le meilleur rendement de production d’ATP
Les fibres musculaires ne sont pas toutes identiques. On distingue deux types de fibres :
- Les fibres rouges à contraction lente
- Les fibres blanches à contraction rapide
Les fibres lentes (rouges) ont un grand besoin en oxygène. Les graisses (acides gras) sont leur principale source d’énergie. Comme ces fibres peuvent satisfaire presque tous leurs besoins énergétiques par les voies aérobies, elles sont résistantes à la fatigue et possède une forte endurance c’est-à-dire qu’elles peuvent se contracter pendant de longues périodes.
Les fibres rapides (blanches) possèdent de fortes réserves de glycogène et produisent de l’ATP principalement par la voie anaérobie lactique. Elles sont puissantes mais fatigables. Le cheval a une fâcheuse aptitude à produire de l’acide lactique qui s’explique par une forte proportion de fibres musculaires rapides.
Les effets de l’entrainement :
L’entrainement peut orienter les fibres rapides vers un fonctionnement plus aérobie, ce qui permet de donner du « fond » à des pur-sangs. Par contre, il n’est pas possible « d’accélérer » les fibres lentes aérobies, plus nombreuses chez les chevaux ayant moins de sang.
Si les possibilités aérobies d’un cheval sont trop faibles, c’est le système lactique qui comblera la différence pour maintenir la production d’ATP requise par l’effort. L’entrainement peut améliorer l’aptitude aérobie. Par exemple, le délai de mise en route de la voie aérobie peut être réduit de moitié. Il permet également au cheval de maintenir une consommation d’oxygène élevée pendant une longue durée et retarde l’appel au métabolisme lactique.
La quantité d’acide lactique présente dans le sang (ou lactacidémie) à l’issue d’un cross peut donc être minorée. Le cheval court alors l’épreuve avec plus d’aisance, moins de risques, avec une disponibilité énergétique propice à la performance et à la récupération.
Le développement de l’aptitude aérobie passe également par l’augmentation de l’apport en oxygène aux muscles. L’oxygène est véhiculé par les globules rouges, dont le nombre peut être augmenté par l’entrainement.
Le transport des globules rouges dépend de la fonction cardiaque, qui peut aussi être améliorée par l’entrainement. Les globules rouges se rechargent en oxygène au niveau des poumons. C’est là un facteur qui limite la performance de façon importante. Le cheval adapte mal sa respiration à l’effort. Même si l’entraînement permet de recruter d’avantages d’alvéoles pulmonaires, le volume des poumons évolue peu et la fréquence de renouvellement de l’air qu’ils contiennent est limitée par la cadence du galop. L’entrainement augmente également la capacité de stockage de glycogène musculaire et la capacité d’utiliser les acides gras comme carburants. L’alimentation doit répondre à ces besoins.
Les 10 premières secondes d’une course vont faire intervenir la voie anaérobie alactique.
Le cheval va épuiser les maigres réserves de carburant stockées dans ses muscles.
Ensuite c’est la voie anaérobie lactique qui va prendre le relais pendant quelques minutes. Mais cette filière va produire de l’acide lactique très rapidement.
Une fois que le cheval est installé dans sa vitesse de croisière c’est la filière aérobie qui fait le travail et qui fait transpirer et souffler fort.
Si la vitesse n’est pas trop élevée pour le cheval, le corps va dégrader l’acide lactique contenue dans les cellules musculaires et régénérer ses réserves de carburant. Dans ce cas, la course peut durer longtemps (c’est le cas des courses d’endurance).
Par contre, si la vitesse est trop élevée OU lors du sprint final, la filière anaérobie lactique va suppléer la filière aérobie avec cet inconvénient de produire de l’acide lactique. Du coup le corps ne peut pas dégrader les lactates parce qu’il y en a trop et ça devient le facteur limitant de la course. Le cheval est contraint de ralentir, il ne peut plus tenir le rythme.
Or, les conséquences d’une trop grosse quantité d’acide lactique dans l’organisme sont nombreuses : crampes et douleurs musculaires, chutes de tension, grosse fatigue, déshydratation etc.
Faire récupérer son cheval après l’effort de manière réfléchie est donc bien conseillé…
Mise en condition du cheval de sport
La mise en condition est une succession de moments dans la vie du cheval.
Et l’entraînement là-dedans, il sert à quoi ?
Et bien les effets de l’entrainement seront notamment de permettre au corps de mieux tolérer la présence de lactate et surtout de beaucoup mieux le réutiliser ! La filière aérobie sera beaucoup plus efficace et permettra de faire redescendre le taux de lactates beaucoup plus rapidement. L’entrainement permettra donc à votre cheval de tenir plus longtemps, à une vitesse plus élevée !
L’effort sportif est la résultante du fonctionnement harmonieux de toutes les fonctions organiques et surtout celles qui sont les plus visiblement impliquées : appareil locomoteur, cardio-vasculaire, respiratoire…
Cet équilibre est lié à la coordination des différentes fonctions par un système régulateur hyper-complexe, le triple système neuro-endocrino-immunitaire.
Le triple système neuro-endocrino-immunitaire
Le système nerveux, volontaire ou involontaire, permet la locomotion, mais aussi la digestion, la respiration… D’autre part, il détermine le mental du cheval, son psychisme c’est-à-dire sa volonté, son courage, sa concertation ou… ses coups de folie, ses peurs, ses baisses de forme quand il ne veut plus y aller.
Le système endocrinien, par le jeu d’une multitude d’hormones, permet la croissance, l’entretien du corps adulte, la reproduction, l’effort sportif.
Le système immunitaire assure la défense contre les agressions et participe à l’équilibre milieu intérieur et milieu extérieur en relation étroite avec la fonction neuro-endocrinienne. Il est toujours fortement perturbé par les états de stress nombreux qui sont le lot quotidien du cheval de sport.
Ce triple système permet donc l’homéostasie, par l’intermédiaire de l’information circulant sans arrêt entre les différentes parties de ce tout indivisible : l’individu. Son équilibre est donc essentiel, entrainement et alimentation doivent le préserver, permettre un accroissement de ces capacités au travers d’une spécialisation.
La mise en condition optimale du cheval de sport repose sur la détection précoce, ou mieux : la prévention des dysfonctionnements initiateurs de pathologie.
Mettre en condition, c’est avant tout éviter l’apparition de troubles !
La récupération musculaire
Chaque fibre musculaire utilise de l’énergie pour se contracter en engendrer un mouvement. Cette énergie n’est que faiblement stockée dans l’organisme. Les réserves sont contenues dans les muscles et le foie, sous forme de glycogène et de lipides (matières grasses), entreposées dans les fibres musculaires et le tissu adipeux.
En fonction du travail demandé, de son intensité et de sa durée, le muscle va utiliser ces réserves d’énergie selon certaines « filières énergétiques » (différentes utilisations de l’énergie pour le travail musculaire) et, par conséquent, produire des déchets.
Pour récupérer parfaitement, le cheval devra reconstituer ses stocks d’énergie et éliminer ses déchets.
La fatigue musculaire peut survenir :
· Si le travail est intense et relativement court (- de 2 mn) comme le saut, la fatigue surviendra à cause de l’accumulation dans les fibres musculaires de déchets, l’acide lactique (ou lactate). L’organisme parvient à éliminer ce déchet jusqu’à un certain seuil, au-delà duquel l’acide lactique s’accumule et provoque une acidification au sein des fibres. Il s’ensuit des perturbations dans l’utilisation des différents substrats énergétiques, ce qui provoque la fatigue.
· Si le travail est plus long (plusieurs heures) comme une randonnée ou s’il est d’une courte durée et d’une intensité faible à modérée (dressage, hunter…) la fatigue surviendra lorsque les stocks en substrat énergétique (glycogène) seront épuisés, ce qui est rare.
Au bout d’un certain temps, ce sont les matières grasses qui sont utilisées pour produire l’énergie nécessaire à la contraction musculaire. Les réserves de glycogène sont épargnées. Cette filière énergétique ne produit pas de déchets.
Malgré tout, ces dernières activités comportent toutes une part d’utilisation mixte de l’énergie. Il faudra éliminer de l’acide lactique.
La récupération :
Il existe différentes récupérations :
La récupération active
La récupération active consiste à faire un effort aérobie (d’endurance) pour permettre au cheval de mieux récupérer du gros effort qu’il a fait juste avant. Concrètement, quand on vous dit de trotter après votre cross, c’est de la récupération active.
A quoi ça sert ?
En fait, ça va permettre plusieurs choses :
o diminuer le temps que va mettre le cheval à retrouver une fréquence cardiaque de repos
o diminuer le temps que va mettre le cheval à retrouver une fréquence respiratoire de repos
o faire redescendre plus rapidement la température corporelle
o reconstituer les réserves d’énergie
o éliminer l’acide lactique stocké
Quand faut-il faire une récupération active ?
La récupération active est plus adaptée aux efforts intensifs mais relativement courts. Typiquement, un cross ou un galop soutenu. En fait, c’est quand le cheval aura accumulé des lactates. Le but étant d’aider le corps du cheval à reconsommer plus rapidement les lactates et donc à en faire baisser la concentration.
C’est un peu bizarre de dire de faire un effort pour récupérer d’un autre effort, je le conçois. Mais comme expliqué au-dessus, en maintenant l’effort mais à un seuil plus bas (vitesse réduite), les organes qui vont consommer l’acide lactique seront mieux irrigués. Ils pourront ainsi récupérer plus vite l’acide lactique pour le dégrader. Pour infos, ces organes sont les muscles, le cœur, le foie, les reins et le cerveau.
Tandis que si vous vous arrêtez direct à l’arrivée du cross, l’acide lactique va stagner dans les muscles. Et c’est la chute de tension et les crampes assurées !! Pas cool pour le CSO du lendemain…
C’est quoi une bonne récupération active ?
Une bonne récupération active chez le cheval consiste à trotter pendant 5 à 15 min max à vitesse réduite à la sortie immédiate de l’effort. Pendant cette durée là, laissez le cheval décider de la vitesse à laquelle il veut trotter, et laissez les rênes longues. Attention, une récupération active différée perd tout son intérêt.
Quand récupération active il y a, elle doit être faite immédiatement après l’arrêt de l’effort.
La récupération passive
La récupération passive au contraire consiste à ne rien faire (arrêt complet ou promenade au pas) pour mieux faire récupérer son cheval après l’effort.
C’est adapté dans le cas des efforts de faible intensité ou des efforts d’endurance à faible vitesse qui n’auront pas produits d’acide lactique. Dans ce cas marcher quelques minutes avant de retourner au box suffira largement !
Pour récupérer, l’organisme devra éliminer l’acide lactique et renouveler ses stocks en glycogène. Voire éventuellement, reconstituer des fibres musculaires lésées à l’occasion des courbatures. Pour cela, il faut entretenir une bonne vascularisation, favorable à un bon drainage musculaire.
Si le stock de glycogène dans le muscle et le foie a été sérieusement entamé, il faudra compter environ 48 heures pour le reconstituer.
Post écrit par Sophie P
le 19 mars 2021 MAJ 29/03/2023
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