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Mémoire, Apprentissage et Intelligence du cheval

Pour faire suite au post précédent sur le système nerveux et le cerveau du cheval, nous allons aborder des aspects plus spécifiques chez le cheval : la mémoire, l'apprentissage et l'intelligence.


La mémoire du cheval

Le cheval est un mammifère supérieur très évolué. Les chevaux ont plus de mémoire que ce que l’on croit. Ils sont notamment capables de reconnaître la voix d’une personne qui les a bien ou mal traités.

Le cheval a une mémoire émotionnelle : Ce sont des animaux connus pour leur grande sensibilité : ils développent facilement des "chocs traumatiques" lorsqu’ils sont maltraités et cette mémoire peut être sur le long terme.


Les fonctions vitales dominantes :

  • la sauvegarde (l'alerte, la fuite, l'agression)

  • la relation (sous des formes variées)

  • la subsistance (boire, manger...)

  • la fonction de récupération (se reposer, dormir...)

Ces fonctions vont évoluer tout au long de l'existence du cheval et se déclencher pour répondre à un besoin intérieur ou extérieur.

Il existe une autre fonction particulière appelée "champ détendu". Cette fonction intervient uniquement quand aucune des 4 autres n'est sollicitée. Si la sollicitation est cohérente, elle est mémorisée comme telle. En cas d'incompréhension dans les rapports, la situation est mémorisée comme un échec.

Ces circonstances plus ou moins successives peuvent être réutilisées par le cheval tout au long de son existence. Le phénomène de néoténie, il se traduit par la persistance de certains caractères juvéniles qui disparaissent habituellement à l'âge adulte chez le cheval sauvage.

En conséquence, on remarque un allongement presque infini de la période de curiosité et de capacité d'apprentissage chez le cheval.

La base élémentaire du système nerveux consiste en un ensemble de récepteurs sensitifs qui transmettent au cerveau les sensations vécues. Elles sont enregistrées et décodées par le système central, lequel déclenchera, sous l'effet de l'apprentissage, une ou plusieurs actions motrices pour répondre aux ordres.
La structure mentale du cheval consacre une large part au stockage des évènements, émotions, objets qu'il aura vécu depuis sa naissance.

L'apprentissage du cheval

Quelle que soit la discipline pratiquée et l’âge du cheval, toutes les activités pratiquées (à pied, montées ou attelées) sont le fruit d’apprentissages. Il est donc fondamental de savoir comment les chevaux apprennent ce qu’on leur demande et quelles méthodes sont utilisables. Une bonne application des principes d’apprentissage est un véritable atout dans l’éducation et le dressage des chevaux.


Définition :

Un apprentissage est une modification durable du comportement d’un individu comme résultat d’une expérience passée, exprimée par l’animal après exposition à un (des) stimulus (stimuli) environnemental (environnementaux).


Le cheval reproduira ce nouveau comportement quand il sera à nouveau confronté au même stimulus. En général, les animaux modifient leur comportement de la façon qui leur est la plus favorable.

L’éducation et le dressage du cheval sont une succession d’apprentissages. Cela commence par des apprentissages de base – comme habituer le poulain à la présence et au contact de l’Homme – jusqu’à des conditionnements complexes – comme effectuer des airs de haute école.


Quelques mots à connaître :

  • Stimulus ou signal = tout changement dans l’environnement qui entraîne une réponse comportementale de l’animal (il peut s’agir des aides du cavalier ou d’un évènement du milieu extérieur, un individu, un objet, un bruit, une odeur…)

  • Renforcement = évènement qui augmente la fréquence d’un comportement et le rend plus probable d’être effectué dans le futur

  • Renforcement primaire = toute ressource que l’animal recherche naturellement (aliment, eau, abri, relation sociale ou sexuelle)

  • Renforcement secondaire = stimulus qui n’est pas une récompense en soit mais peut le devenir par le principe du conditionnement classique

  • Renforcement positif = le renforcement est apporté après obtention de la réponse désirée (c’est une addition)

  • Renforcement négatif = le renforcement est arrêté dès que la réponse désirée est obtenue (c’est une soustraction)

Les différents types d'apprentissages

Les apprentissages non associatifs :

Ce sont des formes d’apprentissage se manifestant soit par l’atténuation soit par l’augmentation d’une réponse comportementale suite à la répétition d’un stimulus. Il y a l'habituation, la sensibilisation.


L’habituation

Définition : C'est un processus par lequel l’intensité d’une réponse à un stimulus (exemples : spray anti-mouches, douche, montée dans un van…) est atténuée suite à une exposition répétée à ce stimulus (diminution voire disparition du comportement initialement observé lors de la stimulation).


Habituer un cheval à une action spécifique, il faut procéder par étapes, en augmentant progressivement l’intensité du stimulus, sans jamais dépasser le seuil de tolérance au-delà duquel le cheval commence à avoir peur.



La sensibilisation

Parfois, au lieu d’induire une habituation, avec une diminution des réponses de peur, la répétition d’un stimulus peut induire le phénomène inverse : la sensibilisation.


Lorsqu’on dépasse son seuil de tolérance, le cheval apprend à réagir très fortement au stimulus appliqué. En règle générale, le stimulus est désagréable et la sensibilisation se produit lorsque le cheval est dans l’incapacité d’éviter ou de fuir l’exposition. (exemple : cheval qui tire au renard à la simple vue d’un spray suite au fait que la présentation du spray n’a pas été faite correctement).


Les apprentissages associatifs :

Ce sont des processus dans lesquels l’animal apprend à produire une (ou des) réponse(s) comportementale(s) suite à la perception d’un stimulus donné, par association mentale entre les deux. Il y a le conditionnement opérant et le conditionnement classique.


Le conditionnement opérant

Définition : Le conditionnement opérant est un apprentissage associatif basé sur les renforcements, afin de provoquer l’expression d’un comportement. Le cheval apprend consciemment à associer un ou des ordre(s) à une action particulière de sa part (exemple : départ au trot à la longe suite au toucher de la chambrière sur la croupe).



Pour être sûr qu’un cheval fasse volontairement une action suite à un ordre de son cavalier, il faut l’avoir motivé à réaliser cette action. C’est le rôle des renforcements. On distingue :

  • Le renforcement positif : récompense dès que le cheval donne la bonne réponse (exemple : exécution d’un reculer immédiatement récompensée par un morceau de carotte).

  • Le renforcement négatif : suppression de la pression exercée dès que le cheval donne la bonne réponse (exemples : pression de la jambe pour avancer, contact sur le mors pour s'arrêter, recul de la jambe pour partir au galop… suivi de l’arrêt immédiat de ces aides).

Lors de l’apprentissage, il va falloir que le cheval comprenne :

  1. quelle est l’action attendue, donc le mettre dans un contexte favorable, qui va lui permettre, par hasard, de produire cette action et

  2. quel est le signal de la part du cavalier qui va lui indiquer quand cette action est attendue.

Le conditionnement classique

Le conditionnement classique est un processus par lequel le cheval crée une association entre deux stimuli. Ce processus met en jeu :

  • Un stimulus neutre (exemples : voix, caresse) qui n’induit naturellement aucune réaction de la part du cheval.

  • Un stimulus inconditionnel qui, même sans conditionnement préalable, a une valence forte pour le cheval (exemple : récompense alimentaire).

Avec la répétition, une fois que le stimulus neutre a été associé au stimulus inconditionnel, il devient « stimulus conditionnel ». Dans l’exemple ci-dessus, le fait d’associer une caresse à une récompense alimentaire va petit-à-petit permettre d’utiliser la caresse comme récompense à la place de la nourriture.


L'intelligence du cheval

Le cheval est un animal intelligent. Il a des capacités d'apprentissage et une grande mémoire. Ses hémisphères cérébraux (partie pensante du cerveau) présentent des caractéristiques semblables à ceux de l'homme.


A l'état naturel, le cheval doit avoir des notions dans plusieurs domaines, survie oblige. Son habitat est constitué de vastes étendues, sur lesquelles il ne pourrait pas subsister sans connaître des éléments de botanique, de géographie, de géologie et de météorologie.


Pour se nourrir, il lui faut savoir détecter les nombreux végétaux comestibles parmi des centaines d'espèces toxiques ou indigestes. Il doit aussi repérer la période de maturité de chaque plante et savoir si elle n'est pas en état de décomposition donc nocive. Il doit ensuite pouvoir les trouver au bon moment. La géologie, la géographie ajoutées à la météorologie, lui permettent de reconnaître les terrains praticables et de rechercher des abris naturels contre les intempéries, éventualité qu'il doit d'ailleurs prévoir afin de ne pas se faire surprendre inopportunément.



En tant que proies, les chevaux doivent apprendre vite et mémoriser définitivement, au détail près, toutes les stratégies d'attaque de chaque prédateur. Un cheval doit être un bon psychologue afin de coexister paisiblement avec les autres membres du troupeau.

L'apprentissage d'un cheval provient directement de son environnement.

Lorsque le cheval vit conformément à sa nature, il apprend de plusieurs façons, en premier lieu en imitant les autres, en commençant par sa mère.


Le cheval est ensuite soumis à un apprentissage latent, qui se produit automatiquement par simple observation et déduction.

L'apprentissage peut aussi se produire par renforcement négatif, quand l'animal fuit une situation qui lui a déjà procuré un désagrément.


Plus la recherche progresse, plus on s'aperçoit que les différences entre l'homme et les animaux se réduisent comme peau de chagrin.


Aujourd'hui, on parle d'anthropomorphisme conditionné, concept qui permet à l'homme de se mettre à la place de l'animal à bon escient.


La qualité de vie est donc primordiale, mais complémentaire d'un autre facteur clé, la qualité de l'enseignement. Une forte dose de compétence, du temps et de la patience à profusion, le tout assaisonné d'une bonne quantité de psychologie, tels sont les ingrédients indispensables pour réussir un enseignement de qualité.


Il faut toujours garder à l'esprit que le cheval est une proie ; il craint tout ce qu'il ne connait pas et tout ce qui a une apparence d'agressivité. S'il éprouve un sentiment de peur, il est incapable de se concentrer et, par conséquent, de faire fructifier son capital intellectuel.


Notre comportement peut influencer fortement celui du cheval, dans la mesure où ce dernier percevra nettement la tension, le découragement et le scepticisme, mais aussi la joie, l'affection, l'encouragement et l'optimisme.



Pour un cavalier, établir un lien affectif est le meilleur moyen de faire progresser son cheval. Il apprend très vite et a une bonne mémoire. Nous conseillons d'enseigner toutes sortes de choses aux chevaux, même et surtout quand on est à pied. Il faut se dire que plus on apprend de choses différentes, plus on acquiert de capacités mentales.


Post écrit par Sophie P

le 05/10/2022

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